Mercury Rev : vive le mellotron !

Publié le 27/11/07

Me reviennent à l'esprit, en cette période hivernale (avec le soleil qui s'éteint plus vite tous les jours), les magnifiques textures orchestrales que Mercury Rev avait déposées sur les plus belles plages de son Deserter's Songs. Si jamais musique a été appropriée à illustrer des fantaisies, à accompagner des films sur l'enfance (dans le genre de La Cité des enfants perdus), c'est bien celle-ci. D'ailleurs, les enregistrements de Mercury Rev, au tout début de l'histoire du groupe étaient destinés à accompagner des films réalisés par des amis...



L'ouverture ("Holes") est parfaite : cordes, nappes rêveuses de mellotron, puis la voix haut perchée et un peu aigre de Donahue s'élève : "Intro a dream...". "Tonite it Shows" est dans la même veine (et peut-être encore plus suggestive, avec ses pizzicati et son glockenspiel), de même que "Endlessly".

Ceux qui comparaient la musique de Mercury Rev au rock symphonique (avec tout ce que ça sous-entend de pompeux) oublient manifestement que ce qui donne sa couleur à l'album, c'est avant tout le mellotron, le mellotron qui, dans le "Hang up on a Dream" des Zombies, donnait forme musicale au monde du rêve. Que faisaient les Moody Blues, eux, si ce n'est remplacer au maximum le mellotron par un orchestre véritable ?

Le single "Goddess on a Hiway" ne dépare pas au milieu de tout cet ensemble, pas plus que "Opus 40" (qui convoque le Hammond B3 des sixties) ni que "The Funny Bird", où la voix de Donahue est très fortement distordue (on pense à Sparklehorse) et où des cuivres résonnent comme perdus dans quelque forêt ; seuls Robert Wyatt et Mark Hollis sur Laughing Stock ont jamais utilisé ainsi les cuivres. Le saxophone de "Hudson Line" aurait pu détoner ; il n'en est rien.

Une bonne idée : les plages instrumentales en low-fi qui ponctuent les grandes chansons et offrent une respiration. "It Collects Coins", avec son vieux piano, craque comme un vinyle de juke-box, rappelant les expérimentations de Randy California. "Pick If You're There", avec son Rhodes, annonce le Radiohead de Kid A. Les amateurs de modernisme goûteront par ailleurs les sons empruntés à la musique concrète qu'on trouve à la fin de "The Happy End (The Drunk Room)", la scie musicale de Jack Nitzsche qui retentit en diverses occasions, ainsi que le "Tettix Wave Accumulator", un instrument singulier que Donahue et "Grasshopper" ont construit de leurs propres mains.

La réussite de cet album est aussi celle de Dave Friedman, ancien membre du groupe passé à la production. Longtemps je me suis demandé qui avait été responsable de cet élargissement incroyable du son de Mercury Rev. Je pense maintenant savoir...

Au final, le seul vrai ratage dans cet album, c'est le dernier titre, "Delta Sun Bottleneck Stomp", écrit par Jimy Chambers, et inexplicablement choisi comme second single. On vieux bien d'un stomp ; mais substituer au pied qui claque le beat de la house est d'un mauvais goût évident...
                      D.B.
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