Blue Öyster Cult - Blue Öyster Cult (1972)


1. "Transmaniacon MC" – 3:21 - (S. Pearlman, D. Roeser, E. Bloom)
2. "I'm On The Lamb But I Ain't No Sheep" – 3:10 - (S. Pearlman, A. Bouchard, E. Bloom)
3. "Then Came The Last Days Of May" – 3:31 - (D. Roeser)
4. "Stairway To The Stars" – 3:43 - (R. Meltzer, A. Bouchard, D. Roeser)
5. "Before The Kiss, A Redcap" – 4:59 - (S. Pearlman, M. Krugman, A. Lanier, D. Roeser)
6. "Screams" – 3:10 - (J. Bouchard)
7. "She's As Beautiful As A Foot" – 2:58 - (R. Meltzer, A. Bouchard, A. Lanier)
8. "Cities On Flame With Rock And Roll" – 4:03 - (S. Pearlman, D. Roeser, A. Bouchard)
9. "Workshop Of The Telescopes" – 4:01 - (S. Pearlman, A. Bouchard, D. Roeser, A. Lanier, J. Bouchard, E. Bloom)
10. "Redeemed" – 4:01 - (S. Pearlman, H. Farcas, A. Bouchard, A. Lanier)

 

Oui, il est possible d'inclure des disques de Blue Öyster Cult dans une liste d'incontournables. Blue Öyster Cult est l'exemple-type du groupe dont l'image, plombée par une fin de carrière lamentable, empêche des jugements équitables sur ses premiers albums (qui étaient bons, eux). Il faut décidément éviter le dédain facile : c'est une attitude qui, si elle était généralisée, amènerait à rejeter dans l'ombre l'intégralité de la discographie des Stones, entre autres...

Blue Öyster Cult, donc : c'est un groupe new-yorkais qui a commencé à enregistrer au début des années 70. La musique est très intéressante, car elle nous donne à entendre du hard rock américain (le hard rock étant alors une spécialité britannique). Je dis bien "hard rock" et non pas "heavy metal". En effet, la musique de Blue Öyster Cult n'a pas du tout la lourdeur d'un Black Sabbath. C'est une musique qui est certes basée sur des riffs mais qui est relativement légère, qui a même tendance à swinguer. Ce qui a contribué à classer le groupe du côté du heavy metal, c'est le fait qu'il s'associe volontiers à une esthétique sombre. Sous l'impulsion de ses mentors, Sandy Pearlman (accessoirement producteur) et Murray Krugman, ainsi que de l'écrivain et critique Richard Meltzer, Blue Öyster Cult a même cultivé un certain hermétisme ésotérique : cf son mystérieux logo...

Le premier album du Cult met immédiatement les choses en place. Les paroles sont étranges et la musique est sombre, très travaillée, foisonnant d'idées de composition.

Quand on entend cet album pour la première fois, on prête l'oreille avec intérêt, inévitablement, car le son ne ressemble à rien de connu. Ca sonne bien, et la section rythmique des frères Bouchard a une souplesse héritée du jazz.

Commençons par le commencement : "Transmaniacon MC". On a bien un riff de guitare descendant (notable, d'ailleurs), mais il se pose sur une basse mobile et une batterie très présente, avec un shuffle spectaculaire. La voix rauque d'Eric Bloom attire aussi l'attention.

"I'M On The Lamb But I Ain't No Sheep". Même (saine) démonstrativité de la section rythmique. Riff de guitare entêté. Les mecs chantent le refrain en choeur comme pour du bon vieux blues-rock.

"Then Came The Last Days Of May" est une magnifique ballade écrite par le guitariste Buck Dharma (alias Donald Roeser). La guitare lead est jouée avec une finesse merveilleuse, et le chant est presque recueilli. Une très belle chanson.

Avec "Stairway To The Stars", BÖC donne dans l'hymne hard rock (avec refrain en choeur), de même que plus tard avec "Cities On Flame With Rock And Roll". Cette dernière est efficace, il faut bien en convenir.

Une chanson très surprenante, maintenant : "Before The Kiss, A Redcap". Nous avons d'abord une phrase vocale répétée et suivie par une guitare (de plus en plus touffue), comme dans certains vieux blues du Delta. Le plus étonnant vient plus tard : un pont mémorable, avec un accompagnement de jazz qui révèle de façon spectaculaire tout ce qu'il y a de swing dans la musique du Cult. Solo final mettant aux prises deux guitares parfaitement assorties.

L'album intègre d'autres influences, qui contribuent encore à lui donner un cachet inimitable. "Screams", par exemple, démarre comme une chanson psychédélique. Les choeurs sont barrés et accompagnés par une guitare toute en bends.

"She's A Beautiful As A Foot" (!) a, quant à elle, une mélodie orientalisante.

"Workshop Or The Telescopes" est une des meilleures chansons de l'album. Série d'accords descendants sur les couplets. Guitare de Buck Dharma (le guitariste le plus scandaleusement oublié des seventies) virevoltant sur les refrains... C'est très agréable.

"Redeemed" : une chanson plus pop, très mélodieuse, avec des guitares acoustiques très fines, qui ne dépare pas dans cet ensemble

L'album se termine joliment, sur des nappes de Hammond et des bruitages de guitare.

La première réalisation de BÖC apparaît au final très solide, avec des chansons de qualité, où les détails n'ont pas négligés (ponts et passages instrumentaux bien ouvragés). Les musiciens, d'autre part, interprètent cette musique avec beaucoup de maîtrise. C'est donc un album à ne pas dédaigner. 

              Damien Berdot
© D. BERDOT - dberdot@yahoo.fr