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Dernier album naïf des Beatles, pourrait-on dire. Il en est d'autant plus attachant. Si les quatre fabuleux n'ont pas encore amorcé leur mue psychédélique, ils ont néanmoins atteint ici une maturité certaine dans la structuration de leurs chansons et dans la maîtrise de toutes les ficelles du langage rock de l'époque.
L'album constitue en partie la bande original du film Help ! réalisé par Richard Lester. Le film ? "Une vraie merde", selon Lennon. Nul ne le contredira. Les choix réalisés par Lester ont présidé à la répartition des chansons : la première face regroupe les sept chansons figurant dans le film ; la deuxième face regroupe sept chansons inédites. Au final, cette répartition n'est pas dommageable : on a une face plus populiste, pour ainsi dire, et une face plus intimiste.
On trouve sur cet album quelques-unes des meilleures chansons des Beatles, à commencer par "Help" et "Yesterday". "Help", derrière son apparente allégresse, cachait un véritable cri de détresse de John, devenu bouffi, et qui supportait de plus en plus mal les conséquences de la notoriété. La chanson s'ouvre sur une série d'appels au secours ascendants. Quant à "Yesterday", titre le plus repris de tous les temps, c'est incontestablement une des plus belles réussites de Paul. La guitare acoustique y est soutenue par un quatuor à cordes.
D'autres excellentes chansons : la dylanienne "You've Got To Hide Your Love Away" (qui contient un solo de flûte !), "Ticket To Ride", avec son arpège-riff au rythme singulier (l'invention du hard-rock selon Lennon, qui fut en fait devancé un an plus tôt par les Kinks avec "You Really Got Me"), "I've Just Seen A Face" et ses guitares hispanisantes...
On trouve enfin dans Help plusieurs chansons marquées par la pulsation entraînante du beat originel, comme "Another Girl" (avec... Paul à la guitare lead), "The Night Before" et "You're Going To Lose That Girl". Il faut bien reconnaître que ces mélodies sont particulièrement jouissives à entendre, d'autant plus que la production mono des sixties leur fournit un écrin inégalable.
En somme, Help est un album d’un excellent niveau. Il n’est certes pas aussi dense que Rubber Soul, qui lui succèdera quelques mois plus tard. En effet, il contient deux reprises dont une plutôt dispensable ; le songwriting d’Harrison n’est pas encore parvenu à maturité, malgré des sons de guitare surprenants sur "I Need You" ; et "It’s Only Love" a un refrain quelque peu convenu. Mais c’est le témoignage le plus réussi qui soit sur les prémisses du rock anglais (écoutez la voix déchirée de John sur "Dizzy Miss Lizzy", une chanson qui fit les beaux jours de la Cavern), avant que celui-ci ne devienne une affaire (trop ?) sérieuse.
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