After The Gold Rush - Young, Neil (1970)


1. "Tell Me Why" – 2:54
2. "After the Gold Rush" – 3:45
3. "Only Love Can Break Your Heart" – 3:05
4. "Southern Man" – 5:41
5. "Till the Morning Comes" – 1:17
6. "Oh, Lonesome Me" – 3:47
7. "Don't Let It Bring You Down" – 2:56
8. "Birds" – 2:34
9. "When You Dance I Can Really Love" – 3:44
10. "I Believe in You" – 3:24
11. "Cripple Creek Ferry" – 1:34

 

After The Gold Rush a été enregistré par Neil Young avec son groupe (le Crazy Horse) dans la foulée du succès triomphal du Deja Vu de Crosby, Stills, Nash & Young. C'est un moment de confidence entre deux périodes de surcharge. En effet, Deja Vu souffrait d'un travail en studio trop important : c'était une débauche de chœurs et de solos. Too much. Très fatiguant à l'écoute. Neil Young prit manifestement conscience de ces excès puisqu'il enregistra alors avec After The Gold Rush un de ses albums les plus simples et les plus attachants. Ca ne l'empêcha pas d'ailleurs de retomber peu de temps après dans l'ornière d'où il s'était arraché : Harvest sera un album de soft-rock ou de country-rock (comme l'on veut) lisse et trop produit...

On peut lire sur la pochette d'After The Gold Rush que la plupart des chansons ont été inspirées par le film du même nom de Dean Stockwell et Herb Berman. Titre et sujet sont assez opportuns : en 1970, comme après la ruée vers l'or, le calme commence à retomber sur la Californie. L'ère hippie touche à sa fin.

Les désillusions de Neil Young imprègnent la magnifique chanson inaugurale, "Tell Me Why". Une guitare acoustique pour tout accompagnement, et c'est parti... La mélodie qui orne cette chanson est sans conteste une des plus pures de toute la carrière de Neil Young. A la guitare, on retrouve ce jeu avec basses mouvantes qui éclairera "The Needle And The Damage Done", le sommet de Harvest.

La plupart des chansons de cet album sont des hommages rendus à la simplicité. "After The Gold Rush", par exemple, avec Young seul au piano chantant de sa voix aiguë...Ou "Only Love Can Brek Your Heart", douloureusement simple... C'est une chanson à trois temps accompagnée en douceur par le Crazy Horse.

"Southern Man", un moment d'électricité bienvenu, plonge ses racines dans une période antérieure de la carrière de Neil Young. C'est une chanson rageuse (ce qui n'exclut pas le recours à des choeurs mélodieux) comme celles que l'on pouvait trouver sur l'album solo à succès Everebody Knows This Is Nowhere. Elle a été jouée en concert avec Crosby, Stills & Nash, comme en témoigne l'album live 4 Way Street. Cette attaque de la bigoterie des sudistes suscitera en 1974 une chanson-riposte de Lynyrd Skynyrd.

Une autre chanson parmi les plus lumineuses de Neil Young se trouve sur cet album : "Till The Morning Comes". Neil Young est accompagné au piano, avant d'être rejoint par une basse et une batterie.

Le Loner ne fait qu'une reprise : "Oh, Lonesome Me" de Don Gibson. C'est du country-rock. L'inspiration pour le futur Harvest est déjà là... "Don't Let It Bring You Down" se place dans la même sphère musicale, mais est très réussie.

"Birds" me paraît un peu molle... Heureusement, elle est suivie du nerveux et électrique "When You Dance You Can Really Love", un succédané de "Southern Man", qui contient un de ces solos hâchés typiquement youngiens.

"I Believe In You" : lente, sincère... On aura des chansons de ce genre sur Harvest avec refrain en chœurs un peu prévisible, mais ici les arrangements sont moins damassés, préservant l’auditeur de l’endormissement.

"Cripple Creek Ferry" : de la country pittoresque, qu'on chante en claquant des mains... C'est OK.

After The Gold Rush n'est pas parfait. C'est pourtant très probablement l’album de Neil Young le plus dense. Au moins il ne renferme pas d'orchestrations dignes d'Elton John (pour ça, cf les pires chansons de Harvest). En outre, c’est un album très éclectique, qui mixe la violence rock d’Everybodys Knows This Is Nowhere avec le country-rock de Crosby, Stills, Nash & Young. 

              Damien Berdot
© D. BERDOT - dberdot@yahoo.fr